#47 - Les bonnes et les mauvaises expériences

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Attention, ce que vous allez lire a été écrit avec le sourire, dans un esprit de paix et en forcissant les traits, par facétie.

Je rappelle qu'un CEP (Camp École Préparatoire) est une formation de chefs scouts qui dure une semaine et se situe dans la nature.

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Les CEP1 sont sympas et instructifs. On y découvre les besoins et la nature des enfants.
Les CEP2 sont barbants. On y prend de grands airs professoraux pour annoner des lieux communs avec des formules toutes faites, "il faut être juste avec les enfants", "il faut mettre la pédagogie au centre de vos priorités", "il faut respecter les étapes du développement corporel et cognitif du louveteau".

En CEP1, on vous met en situation, l'esprit est bon enfant, le jeu est central. La joie rayonne. On est fidèle a la couleur jaune de la "branche".
En CEP2, les activités s'intellectualisent, les acteurs se prennent pour de grands philosophes, de grands pédiatres. Le cœur est absent des considérations. En CEP2, le snobisme est roi. Les termes techniques abondent. Les participants jouent des coudes. Les faux Akelas se sentent bien, entre adultes. Mais les vrais Akelas, privés de leurs louveteaux, se sentent tristes.

En CEP1, l'encadrement est jovial et entraînant. Les chefs sont là au service des jeunes à former.
En CEP2, il est austère. Peinant a grimper les échelons en société et dans le monde professionnel, il s'est rabattu sur les échelons du scoutisme. Ses dents longues sont pleinement satisfaites d'un poste de directeur d'encadrement de CEP2 - branche jaune. Les chefs sont là pour gonfler leur orgueil. Pour faire leur petit chef.

En CEP1, on participe aux chants et aux danses parce qu'on est heureux et qu'on veut remercier le Bon Dieu de ses grâces.
En CEP2, on participe aux chants et aux danses pour montrer qu'on est bien intégré, qu'on en veut, pour prouver qu'on connaît par cœur les paroles. La fayoterie règne. Le paraitre prime sur l'être.

En CEP1, on respecte l'étudiance des participants. Un lieu de travail est mis à disposition.
En CEP2, nul temps n'est laissé pour leurs révisions. Les "sessions" (du blabla de langue bien pendue), les "heures route" (temps imposé dédié à la réflexion personnelle), les "moments d'échange" (partage d'anecdotes croustillantes et voyeuristes), les prières, les messes se succèdent à un rythme stakhanoviste, la participation est imposée de manière tyrannique.

En CEP1, on tolère, avec un geste large de générosité amusée, les petits arrangements personnels de l'uniforme. Le stylo à la manche... tellement plus pratique... le couteau à la ceinture... tellement plus mythique... une fleur a la boutonnière... tellement plus chic...
En CEP2, on ne laisse rien passer. L'uniforme soit être rigidement uniforme, tel qu'en Corée du Nord.

En CEP1, alors que les participants sont en général nouveaux, on leur accorde par défaut ce beau sentiment qu'est la confiance.
En CEP2, alors que les participants ont fait depuis longtemps leur preuve dans les unités, on remet sans cesse en cause leur compétence.

En CEP1, on est Breton parce qu'on est fidèle à Dieu, à la France et au Roi.
En CEP2, on est breton parce qu'on veut dominer et bretonniser la France et le Monde.

En CEP1, on est des enfants purs du Bon Dieu.
En CEP2, on est des politiciens verreux.

En CEP1, on est au Paradis.
En CEP2, on est en enfer.

Signé : un chef qui a la fierté de détenir un CEP1 et qui aurait rougi de honte si on lui eut accordé le 2.

JRV

 

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