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Les collections d'objet sont difficiles si non impossible à établir dans ce monde.
Car ce monde est celui du temporaire, de la non-exhaustivité, du fragile, du cassable et tout s'use si vite, tout retombe si facilement en poussière.
Il n'est pas d'une bibliothèque de Rio qui parte en flamme pour démontrer que la collection n'est pour qu'un temps. Qui en démarre une doit déjà se préparer à sa perte.
Kim Dotcom, encore. Il avait rassemblé une jolie collection de bagnoles, avant que le FBI n'investisse par la force sa propriété australienne et ne saisisse tout ses biens, pour le punir d'avoir créé le site Megaupload, qui bafouait les droits d'auteur.
La vie passe si vite. On n'aura sans doute pas le temps de terminer sa collection, alors pourquoi la commencer ?
Pour le plaisir de la contempler ? Oui, j'approuve, sans doute, mais on peut tout autant contempler les images des objets dans un catalogue, sur Internet...
Je connais quelqu'un qui collectionnait les timbres et les sucres. Lesdites collecs sombrèrent dans l'oubli, puis elles furent éparpillées au cours des déménagements...
De même on voit sur Ebay énormément de collections à vendre. Les vendeurs cherchent à s'en débarrasser.
Par ailleurs, notemment dans l'univers de l'art, il y a toujours un doute sur l'authenticité de l'objet collectionné.
Et ce secteur est gangrené par l'argent, les collectionneur exposent plus pour le flouze que pour l'esthétisme des bibelots.
Des oeuvres surcotées... Le port Franc de Genève contient des entrepôts qui récèlent des milliards en peintures, mais c'est parce que des puissants ont décidé de leur prix .
Je me souviens d'un concours de peinture auquel j'avais participé. Il y avait connivence évidente entre le jury et certains peintres.
Il fallait voter pour le tableau de son choix, destiné à recevoir le prix "coup de coeur".
Le vote était truqué, c'est un de leurs copains qui avait gagné après un semblant de dépouillement.
Moi ? Oh j'avais perdu bien sûr, mon tableau était grossier. Mais au moins je n'avais pas triché, j'avais réellement peint, et dans le temps imparti par le règlement, le paysage qui s'offrait à ma vue. Sans entraînement, sans modèle, sans brouillon.
Au pinceau levé.
Mais revenons aux collections d'objets.
J'ai personnellement collectionné les serviettes en papier, à une époque. De toutes les couleurs, représentant tous jolis motifs. Et puis je m'en suis lassé, bien sûr.
Le lot était si encombrant !
J'eus mieux fait de les photographier une à une, puis me débarrasser tout de suite de la boîte. Ainsi, j'eus pu la faire renaître, par impression pulvérisée, le jour où j'aurai énormément de temps, énormément d'espace, et de la matière agençable à volonté. Mais ce ne sera sans doute pas dans cette vie.
La dématérialisation semble être en effet la voie à suivre, et c'est ce qui fait le succès actuel du Bitcoin.
Nul doute que certains s'essayent à la décorporation, et tentent de transférer leur esprit dans une clé USB. Les expériences menées à Neuralink, l'une des sociétés d'Elon Musk, ne vont-elles pas en ce sens ?
Il y a seulement 10^81 particules dans notre Univers. Par conséquent, les chantres du transhumanisme et de l'Homme-dieu qui cherchent à accéder à l'immortalité n'auront jamais qu'un stock limité de matière première pour établir la collection que leur aura fait rassembler leur soif de possession et d'accumulation de richesses.
Bon allez je m'arrête là.
Réfléchir est mal vu à notre époque.
JRV
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Oui ce n'est pas raisonnable... Mais bcp d'activités humaines ne le sont pas. Pourquoi collectionne-t-on ? Le collectionneur donnera avec sérieux toutes sortes de raisons bien cadrées, motivées, rationnelles. Mais la partie immergée de l'iceberg est là, cachée à ses yeux et à son entendement. Pourquoi collectionnes-tu des petites voitures ? Des pièces de monnaie ? Des chaussures ? Des serviettes en papier ? peu importe, le collectionneur s'est fixé là-dessus pour coller un argument, acceptable à ses propres yeux, à sa course effrénée. A sa soif inextinguible. Pourquoi passes-tu un temps incroyable à chercher des éléments que tu n'as pas encore ? Il te les faut absolument. Pourquoi ? Vous aurez beau tancer un collectionneur, lui dire que c'est futile. Lui, n'en dort pas, et ne trouve la paix que lorsqu'il acquiert l'objet. Puis, une fois acquis, l'objet se retrouve sur une planche dans la cave et le collectionneur retrouve sa frénésie. Il semblerait en fait que le collectionneur se sente comme incomplet. Il se rassure en accumulant, tout en ne voyant jamais la fin de cet quête de complétude. Il cherche à se valoriser à ses propres yeux en se complétant. Il se vit comme un être à qui il manque quelque chose pour être valable. Parfois même comme un être vide. C'est une souffrance assez intolérable. Cette fringale est une anxiété et ces objets (alors, allez savoir pourquoi ces objets-là ? Sûrement ils "parlent" de la nature du manque) sont ce qui manque à sa personne pour avoir une valeur, une authenticité, une vérité. La paix est enfin là lors de l'acquisition de l'objet mais voici qu'aussitôt, le stress repart de plus belle : il lui manque encore autre chose... pour exister. Par conséquent, la dématérialisation dont vous parlez parviendra encore moins à combler notre collectionneur. Sachez que certains marchent sur père et mère ou dilapident les biens de leurs propres enfants pour atteindre l'unique objet dont ils ont l'obsession...jusqu'au prochain. Alors, il est à craindre avec ce que vous proposez à propos de la dématérialisation, que privé d'une possible projection de cette angoisse sur un objet extérieur et tangible et donc privé des petites accalmies fugaces mais salutaires dues à son acquisition, notre collectionneur voit son anxiété redoubler et pire, ne puisse supporter d'être mis en face brutalement de son vide ou de la part qui lui manque. (Imaginons qu'un amputé soit brutalement mis face à un miroir). N'oubliez jamais la partie immergée de l'iceberg, et n'oubliez jamais que l'Homme ne se passera jamais de la matière dont il est formé et qui le manifeste. Pour vivre, il doit se projeter sur la matière qui l'entoure ; il s'y reconnait, s'y contemple, s'y apprend, s'y cogne, s'en protège. C'est son milieu naturel. Privez-le de la matière, plongez-le dans le virtuel, et qu'obtenez-vous ? Une grosse boule d'anxiété qui tourne autour de son nombril ou s'abrutit dans un mouvement automatique (comme le lion dans sa cage, le juif contre le mur du Temple, l'enfant cloitré dans un lit des orphelinats de Roumanie) jusqu'à mourir.
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